GENÈSE

J’ai découvert Madeleine en 2019, au sein d’un groupe de femmes constitué dans le but de creuser sa pensée spirituelle, la façon qu’elle a eu de vivre et de témoigner de sa foi. 

Je me suis aussitôt reconnue en elle. Madeleine est une femme dont je peux suivre les pas. Elle a su vivre dans une grande liberté et m’a appris que celle-ci ne se déploie jamais sans une grande exigence, rigueur et discipline. 

Madeleine a renoncé à la poésie après s’est convertie pour s’attacher à développer un art spirituel, l’art de la Charité.  Ses textes en sont la manifestation. Il ne s’agit plus de l’art pour l’art, mais de l’art au service du message d’Amour. Avec mes deux derniers album « Aimer » sorti en 2015, et « L’Armure » sorti en 2018,  c’est la voie que j’ai voulu suivre. « Ce que chacun de vous a reçu comme don de la grâce, mettez le au service des autres, comme de bons gérants de la grâce de Dieu sous toutes ses formes » nous dit Saint Pierre. La forme que cela prend chez moi, c’est l’écriture de chansons. 

Celle de Madeleine est ferme et inspirante. On y trouve beaucoup de rimes intérieures, ce qui a facilité le passage de la prose à l’écriture en vers, tout en restant très proche du texte original. Elle avait le sens du rythme et de la formule choc, ses mots sonnent et consonnent. Son écriture est musicale.

J’ai écrit le premier titre de l’album le 1er août 2019 et le dernier, le 1er août 2020.  Le confinement, qui a frappé une grande partie de humanité entre Mars et Mai 2020 aura réuni les conditions d’immersion dont j’ai habituellement besoin pour écrire. L’esprit de Madeleine l’aura vraiment habité.

Côté couleur musicale, le son est pop folk avec la harpe celtique qui apporte un côté traditionnel et angélique. Je me suis entourée de la même équipe que pour mes deux précédents albums. J’ai eu à cœur, cette fois encore, d’enregistrer dans de bonnes conditions parce que le soin apporté à la réalisation est aussi pour moi un témoignage rendu au respect et à la valeur du message.

Je voudrais, à travers ce disque, amener les gens à plonger dans les textes de Madeleine Delbrêl. Son œuvre est gigantesque. Tous ses écrits publiés sont réunis dans 17 tomes, parus aux éditons Nouvelle Cité,  qui constituent son œuvre complète à ce jour. Le Père Gilles François, historien et postulateur de la cause en béatification ne cesse d’ouvrir de nouvelles archives et évoque déjà de quoi publier jusqu’à 25 volumes…

Il ne faut pas oublier que la pensée de Madeleine a eu une influence sur Vatican II. Quant à la nouvelle exhortation du Pape à propos de la fraternité, priorité de nombreux évêques aujourd’hui en France et dans le monde, comment ne peut-elle pas nous faire penser à la façon que Madeleine a eu de vivre au sein de La Charité ? Elle affirme qu’ «  Une vie de fraternité vraie empêche une vie anormale d’être une vie inhumaine. »  

Madeleine nous invite à être un feu là où nous sommes, dans la vie que nous menons. Elle avait l’habitude de dire que Dieu lui avait commandé d’aimer son prochain, et pas son prochain sauf les communistes qu’elle côtoyait à Ivry. Comment pourrions-nous transposer cette phrase aujourd’hui ? Aimer jusque dans « Les profondeurs vertigineuses de l’espérance », creusées par la soif de l’Evangile, qui nous apprend à aimer. 

J’aimerais, enfin, qu’à l’écoute de cet album, chacun se sente encouragé à être « cette goutte d’eau, cette goutte de sang, cette petite cellule de rien du tout », comme disait Madeleine, ou encore cette « petite bougie » qui fasse reculer les ténèbres et enflamme le cœur de l’homme, celui de son voisin de pallier, son collègue de travail, son conjoint ou de son enfant, et qu’il ait envie d’être tout cela plus encore parce qu’assuré du fait que c’est d’ores et déjà pas si mal. S.L